Comment lutter contre le harcèlement scolaire : Solutions et prévention
CIDFP2024-11-04T14:03:20+01:00Introduction : Le harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire est une forme de violence insidieuse, souvent difficile à identifier et à combattre. Cette violence affecte des enfants et des adolescents partout dans le monde. Il s’agit d’une tentative de domination sur les pairs. Les enfants utilisant des stratégies variées allant de l’agression physique à la manipulation psychologique. Les répercussions du harcèlement scolaire peuvent être dévastatrices, non seulement pour les victimes, mais aussi pour les témoins et même pour les auteurs. Comprendre ce phénomène est essentiel pour mieux le combattre.
Qu’est-ce que le Harcèlement Scolaire ?
Retour sur les définitions
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
Le harcèlement scolaire est un comportement agressif, répété et intentionnel, visant à blesser une victime en position de faiblesse. Il peut prendre plusieurs formes : insultes, menaces, coups, isolement social, propagation de rumeurs, ou attaques émotionnelles. Une caractéristique principale du harcèlement scolaire est la relation de domination qui s’installe entre l’harceleur et la victime. Cette domination créant une situation d’injustice constante.
Le cyberharcèlement est une forme moderne de ce phénomène, facilitée par les réseaux sociaux et les technologies mobiles. Ce type de harcèlement prolonge les violences au-delà de l’école, rendant presque impossible tout répit pour la victime. L’impact psychologique du harcèlement scolaire est amplifié par la diffusion massive des contenus humiliants et la sensation d’être constamment exposé.
Pourquoi est-il si difficile de reconnaître le harcèlement scolaire ?
En France, la reconnaissance du harcèlement scolaire a pris du retard. Cela est dû en partie aux difficultés à le définir clairement. Dans les années 1990, alors que le terme « bullying » devenait commun dans le monde anglophone, la France utilisait le mot « violence » de façon générale. Cela rendait plus difficile l’identification précise du harcèlement scolaire. La violence évoque souvent des coups ou des agressions évidentes. Le harcèlement est plus subtil : brimades quotidiennes, moqueries répétées, ou rumeurs qui isolent la victime sans réponse possible.
Des freins culturels ont aussi contribué à minimiser les faits. Pour beaucoup d’adultes, le harcèlement scolaire était perçu comme des « histoires de gosses », des disputes sans gravité censées être des étapes normales de la vie. Pourtant, pour un enfant harcelé, la répétition d’insultes et de moqueries est extrêmement violente et laisse des cicatrices profondes.
L’Importance de la recherche et les défis sur le terrain
Que dit la recherche sur le sujet de harcèlement scolaire ?
Que dit la recherche ?
Les recherches ont permis de comprendre les mécanismes du harcèlement scolaire et de mesurer son impact. Dès les années 1990, les enquêtes de victimation ont montré que la plupart des violences en milieu scolaire sont commises par des élèves contre d’autres élèves. Moins de 5 % des actes de violence proviennent de sources extérieures. Ces résultats indiquent que les réponses doivent être internes et structurelles, au sein des établissements scolaires.
Sur le terrain, les équipes éducatives manquent souvent de ressources pour agir. Gérer le harcèlement scolaire va bien au-delà des actions ponctuelles ou des mesures de sécurité. Même si elles sont utiles, ces solutions ne résolvent qu’une partie du problème. La véritable difficulté réside dans la gestion quotidienne des microviolences, souvent invisibles, qui peuvent avoir des conséquences graves : baisse des résultats scolaires, troubles psychologiques, dépression, voire comportements autodestructeurs.
Jusqu’au début des années 2010, on abordait la violence à l’école principalement sous l’angle des intrusions externes ou des violences graves. Les avancées de la recherche et la médiatisation de certains faits tragiques ont permis de reconnaître le harcèlement scolaire comme un phénomène interne à l’école.
Études transversales à l’échelle mondiale : Des résultats similaires ?
Pour mieux comprendre l’ampleur du harcèlement scolaire à l’échelle mondiale, plusieurs études transversales et longitudinales ont été menées. Par exemple, l’étude de Smith et al. (2023), réalisée de 2003 à 2017 sur 191 228 élèves de 12 à 15 ans dans 29 pays. Cette recherche a révélé qu’environ 39,4 % des élèves ont déclaré avoir été harcelés au cours des 30 derniers jours. Une tendance à la baisse a été observée dans certains pays où des politiques éducatives ciblant l’interdiction des châtiments corporels ont eu des effets positifs.
Une autre étude, menée par Peprah et al. (2023), a exploré les liens entre l’implication parentale, la solitude, le harcèlement scolaire et les comportements suicidaires sur un échantillon de 78 558 adolescents. Elle a montré que le harcèlement scolaire est fortement lié aux comportements suicidaires, augmentant de 44 % les risques. Le soutien parental, en revanche, réduit ces risques, soulignant l’importance d’une implication active des parents.
L’étude de Husky et al. (2022), menée auprès de 5 183 élèves âgés de 6 à 11 ans, a également mis en évidence des liens entre le harcèlement scolaire et les pensées suicidaires. Parmi les enfants harcelés, 17,1 % ont déclaré avoir des pensées suicidaires. Par ailleurs, ce chiffre monte à 24,4 % chez les enfants qui sont à la fois harceleurs et victimes.
Ces études montrent qu’au-delà des différences géographiques, le harcèlement scolaire est un problème mondial aux conséquences graves. Les contextes socio-économiques et les politiques publiques influencent les taux de harcèlement observés. Ainsi le constat général reste le même : le harcèlement scolaire est un fléau qui affecte profondément la vie des jeunes.
Les conséquences du harcèlement scolaire : Un poids invisible
Quelles sont les conséquences du harcèlement scolaire ?
Les conséquences du harcèlement scolaire sont graves. Elles vont des troubles émotionnels et anxieux à des actes graves comme la dépression, l’automutilation, voire des tentatives de suicide. Pour la victime, la souffrance ne s’arrête pas lorsque les agresseurs ne sont pas là. Elle est omniprésente, affectant tous les aspects de sa vie : relations sociales, résultats scolaires, estime de soi. Les victimes finissent souvent par intérioriser les insultes, se percevant comme indignes ou incapables.
Les témoins du harcèlement scolaire peuvent également être affectés, se sentant coupables ou impuissants. Quant aux agresseurs, s’ils ne sont pas arrêtés, ils risquent de continuer à reproduire ces dynamiques de pouvoir à l’âge adulte, dans d’autres contextes sociaux.
Les défis des équipes éducatives
Les équipes éducatives se retrouvent souvent démunies face au harcèlement scolaire. Bien que la recherche ait permis une meilleure compréhension des dynamiques, la réalité du terrain est différente. Les enseignants, conseillers principaux d’éducation, et autres acteurs manquent parfois de formation spécifique. Le manque de ressources et l’instabilité des équipes, notamment dans les zones sensibles, compliquent aussi la prise en charge. De plus, la formation initiale dans les Inspé se concentre rarement sur la gestion de classe ou la médiation des conflits, des compétences pourtant cruciales.
Des initiatives pour lutter contre le harcèlement scolaire ?
Quelles sont les moyens de prévention ?
Depuis 2011, plusieurs plans de lutte contre le harcèlement scolaire ont été mis en place en France. Ces politiques incluent des campagnes de sensibilisation, des formations pour les enseignants, et des numéros d’assistance pour les victimes. L’un des progrès notables a été le programme pHARe, qui place la lutte contre le harcèlement scolaire au centre de chaque établissement, avec des actions de prévention et de formation.
Cependant, les programmes « clés en main » ne sont pas toujours une solution miracle. Les recherches montrent que l’impact dépend des conditions d’implantation et de l’engagement des équipes. Les solutions efficaces sont souvent celles qui incluent des normes claires, un renforcement positif des comportements, et une gestion coopérative des conflits. L’approche systémique qui vise à améliorer le climat scolaire s’avère prometteuse, car elle s’attaque aux racines du harcèlement scolaire.
Les élèves ambassadeurs, par exemple, sont une initiative intéressante. Ce sont des élèves formés à la prévention et au soutien de leurs camarades. Leur rôle est de promouvoir une culture de l’entraide et de créer un climat bienveillant.
Climat scolaire et prévention
Pour prévenir efficacement le harcèlement scolaire, il est essentiel de favoriser un climat scolaire positif. Cela comprend la qualité des relations entre enseignants et élèves, un climat de discipline respectueux, et des comportements coopératifs. Un climat sain réduit les risques de violence et améliore les résultats scolaires. Dans plusieurs pays, l’amélioration du climat scolaire est devenue une priorité. Celle-ci contribue à réduire les problèmes de harcèlement scolaire, y compris le cyberharcèlement.
La prévention passe aussi par des formations adaptées des équipes éducatives. Sensibiliser les enseignants aux signes de harcèlement scolaire, les former à l’écoute active et à l’intervention rapide, peut réduire considérablement la violence.
Encourager l’engagement des élèves et des parents
Un aspect crucial pour améliorer le climat scolaire et prévenir le harcèlement scolaire est d’impliquer activement les élèves et les parents. Les élèves doivent être encouragés à prendre part à des discussions sur le respect mutuel et les valeurs de solidarité. Des ateliers sur l’empathie, la gestion des émotions, et la résolution de conflits sont autant de moyens de sensibiliser les jeunes et de les doter des compétences nécessaires pour réagir face au harcèlement.
Les parents, quant à eux, doivent être informés des signes indicateurs du harcèlement scolaire et sensibilisés aux bonnes pratiques pour soutenir leur enfant. Leur rôle est essentiel pour détecter les changements de comportement, souvent annonciateurs de difficultés. Les établissements scolaires peuvent organiser des sessions d’information pour les parents et créer des groupes de soutien où ils peuvent échanger leurs expériences et leurs préoccupations.
Créer un environnement scolaire sécurisé et bienveillant
Un environnement scolaire sécurisant est fondamental pour prévenir le harcèlement scolaire. Cela inclut la mise en place d’espaces de parole où les élèves peuvent librement exprimer leurs préoccupations, mais aussi l’augmentation de la vigilance des adultes dans les lieux de vie scolaire comme la cour de récréation, les couloirs et la cantine.
Les médiateurs scolaires et les conseillers peuvent également jouer un rôle clé en intervenant dès les premiers signes de tensions entre élèves. Ces interventions précoces permettent de désamorcer les situations avant qu’elles ne s’enveniment et deviennent des cas de harcèlement avéré.
Les rôles de la technologie et des programmes de prévention digitale
Les technologies modernes, bien que contribuant au problème du cyberharcèlement, peuvent également être une partie de la solution. Des outils numériques existent pour signaler anonymement les cas de harcèlement scolaire et pour alerter les autorités compétentes. Les élèves doivent être formés à utiliser ces outils et être encouragés à signaler le harcèlement quand ils en sont victimes ou témoins.
Les programmes de prévention digitale peuvent aussi aider. Ceux-ci visent à sensibiliser les jeunes à l’importance de la citoyenneté numérique, en les aidant à comprendre l’impact de leurs actions en ligne. Les élèves doivent être informés des conséquences juridiques et émotionnelles du cyberharcèlement, ainsi que des bonnes pratiques à adopter pour garantir leur sécurité sur Internet.
Un Appel à la collaboration entre tous les acteurs de l’éducation
Qui participe à la prévention du harcèlement scolaire ?
Pour réellement faire reculer le harcèlement scolaire, une collaboration étroite entre les différents acteurs est nécessaire. Cela inclut non seulement les enseignants et les parents, mais aussi les associations, les professionnels de la santé mentale, les collectivités locales, et même les autorités policières dans les cas les plus graves.
L’implication des élèves est également cruciale. Des conseils de vie scolaire qui intègrent des représentants d’élèves peuvent permettre de donner une voix aux jeunes et de les rendre acteurs des solutions. Le harcèlement ne peut être combattu de manière efficace sans une mobilisation collective et continue, où chaque acteur a un rôle spécifique à jouer.
Conclusion
La lutte contre le harcèlement scolaire est une responsabilité collective. Pour éradiquer ce fléau, il est nécessaire de renforcer la prévention, d’améliorer la formation des équipes éducatives, d’encourager la participation des élèves, et de soutenir les parents. Créer un climat scolaire bienveillant et respectueux est une tâche qui demande des efforts constants et la collaboration de tous les acteurs impliqués dans l’éducation.
Chaque enfant mérite de se sentir en sécurité et valorisé à l’école. L’engagement des institutions, des enseignants, des parents et des élèves est crucial pour atteindre cet objectif. En promouvant des valeurs de respect, d’inclusion et de bienveillance, nous pouvons ensemble construire un environnement où chaque élève peut apprendre, grandir, et s’épanouir sans la crainte du harcèlement. Dire non au harcèlement scolaire, c’est choisir de bâtir une société plus juste et solidaire, où chacun a sa place et est traité avec dignité.
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Sources
Sources :
- LE HARCÈLEMENT EN CONTEXTE SCOLAIRE : MAIS DE QUOI PARLENT LES CHERCHEURS ? Séverine FERRIÈRE Christine FRANÇOISE, Spiral-E – Revue de Recherches en Éducation – 2024 Supplément électronique au N° 71 (39-56)
- https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement/phare-un-programme-de-lutte-contre-le-harcelement-l-ecole-323435
- https://www.education.gouv.fr/journee-nationale-de-lutte-contre-le-harcelement-l-ecole-941
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Mis à jour le 04/11/2024
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